Dès les premières minutes, le ton est donné et Antonio nous surprend par son parcours et cette envie certainement plus forte que la moyenne de réussir. Antonio est d’origine portugaise, pour s’assurer qu’on comprenne bien, le dirigeant illustre systématiquement ses propos à travers des images et des métaphores. Plus on avance dans l’entretien, plus on découvre une personne humble et authentique.
Antonio vit au Portugal dans une famille modeste. Très tôt, il doit travailler pour financer ses études et exerce ainsi “plein de petits boulots”, comme il dit. Les frais de scolarité pour un mois d'école d'ingénieur coûtent 3 mois de salaire moyen. Il obtient son diplôme mais avec le recul, Antonio confie qu’il finit ses études trop jeune et a un sentiment de ne pas être préparé à entrer dans la vie active. Les choses commencent peu à peu à dégénérer pour lui. Il prend la décision radicale de s'engager dans l'armée en tant que fusilier marin. Il gravit les échelons et obtient le grade de lieutenant de vaisseau au sein des commandos de marine. Affecté à Lorient, il rencontre sa femme originaire de Laval. Selon lui ; "l'enjeu n'est pas de réussir dans la vie mais de réussir dans la vie mais de réussir sa vie voire ses vies”. Il quitte l’armée et s’installe en Mayenne.
En 1996, Antonio entre dans l'atelier de production de l’entreprise MP2 PLV pour ensuite se diriger vers le bureau d'étude. Sa mission évolue vers une fonction plus commerciale. Il part aux États unis pour développer la partie numérique, puis en Angleterre. En parallèle de ses missions, Antonio ne cesse de se former comme pour s’armer à affronter toujours plus de responsabilités. Il suit un cursus en gestion, en commerce et en management et observe de près les compétences que requiert la fonction de chef d’entreprise. Il en a l’envie et la détermination sans pour autant les verbaliser réellement. Néanmoins, à l’issue de son cursus en management en 2014, il se donne deux ans pour opérer sa reconversion et en informe sa direction. Malheureusement, en 2015 l'entreprise MP2 PLV entre en sauvegarde puis en redressement. Sa fermeture est envisagée pour fin février 2016. Antonio ne peut se résoudre à être témoin de cette agonie et l’abandon d’un réel savoir-faire. En une nuit, il prend la décision de reprendre l'entreprise. Il enclenche avec rythme et conviction les démarches et le processus de reprise. Il rencontre trois cabinets comptables différents, qui tentent tour à tour de l’en dissuader. D’un processus qui dure généralement plusieurs mois, il n’a que 4 semaines pour monter le dossier. Il s’y attelle seul et y parvient puis le présente à Initiative Mayenne avant de solliciter les banques.
On retrouve le pragmatisme d’Antonio dans sa façon de construire sa feuille de route. “Pour écrire mon projet de reprise, je suis parti de la racine du mot patron / patriarche, ce qui m’a permis de faire le parallèle avec le chef de famille et le chef d'entreprise. Comme le chef de famille,le chef d'entreprise doit élever la société et faire grandir ses salariés sans faire à leur place.” C’est le point de départ de tout son projet.
L’aventure se poursuit avec les 21 salariés tous fidèles au poste. MP3 PLV garde son nom comme par respect envers la personne qui lui a fait confiance. Antonio met en place un management différent comme l'illustre son organigramme. En changeant de modèle de présentation il change sa façon de penser ; d'une vision pyramidale il passe à une vision circulaire. “Comme pour une roue de vélo, il y a le centre (le dirigeant) et les rayons pour donner de la force et permettre aux salariés de rayonner.” Cette approche lui vaut un prix d'innovation. MP3 PLV et spécialiste dans la conception et la fabrication de scénographies et vitrines de magasin. “Notre coeur de métier est la mise en scène des produits de nos clients” précise Antonio.
Dates et repères
● Fin des années 1960 Eugène Demeslay MP sérigraphie
● Fin des années 1990 Valérie Demeslay succède à son père et rebaptise l’entreprise MP2PLV, le « 2 » faisant référence à la deuxième génération aux commandes de l’imprimerie.
● En 1996, Antonio entre chez MP2PLV et participe à la création du bureau d’étude
● En 1998, développement de partie numérique aux USA puis Angleterre
● En 2005, Antonio est diplômé d’une école de commerce en parallèle de sa mission
● En 2009, toujours salarié chez MP2PLV, il suit un parcours ESG à Paris
● En 2014, Antonio suit un cursus de management
● En 2016, Antonio rachète l’entreprise et reprend les 21 salariés
Quel a été votre premier match avec initiative Mayenne ?
Antonio MARQUES DA COSTA : “En fin de compte avec le recul, je me rends compte que ma plus grande crainte était de me retrouver seul en tant que dirigeant. Lors de ma rencontre avec Carine FORTIN, j’apprends que je peux bénéficier d'un parrain et d'un réseau. Je crée le dossier avant de le présenter au comité et j'obtiens le financement. Mais, c'est sur ce passage là que je souhaite revenir. Lors de la présentation au comité, j'ai eu la chance de rencontrer un jury bienveillant qui me posait des questions pertinentes. Toujours avec bienveillance, il m'a alerté sur différents points de vigilance. Moi qui cherchais une oreille attentive pour mon projet, je me rends compte aujourd'hui qu’elle était chez Initiative Mayenne.”
Quel match a propulsé votre entreprise ?
Antonio MARQUES DA COSTA : " Pour être clair, je ne pense pas que c’est un seul match qui a fait progresser mon entreprise. Je prévois toujours un plan A et un plan B. Si c'est deux là ne fonctionnent pas, je me dis qu'il reste 26 lettres dans l'alphabet. Cela ne se résume pas à un seul match, c'est plein de matches qui ont fait qu’aujourd’hui, nous sommes toujours là.”
Vous êtes plutôt pour un week-end en Mayenne ou un weekend à Paris ?
Antonio MARQUES DA COSTA : “J’adore la nature mais j’adore aussi la fiesta. Je marche plutôt pour 2 weekends.Un premier en Mayenne et un autre où je profite de Paris pour son effervescence particulièrement à la période de Noël, notamment en passant par boulevard Haussmann pour admirer l'arbre que nous avons imprimé et installé au coeur des Galeries, avant d’aller faire la fête.”
Vous matchez pour une équipe ultra efficace ou un million pour commencer votre business ?”
Antonio MARQUES DA COSTA : “Une équipe soudée ! L'efficacité vient de ce qu'ils font. L'équipe est soudée parce que leur coeur bat dans ce qu'ils font. Si vous donnez de la satisfaction à votre équipe, elle vous le rendra largement !”
Avec quelle idole aimerais-tu matcher ?
Antonio MARQUES DA COSTA : “Si j'avais une idole ça aurait été Steve Jobs, personnage innovant et inspirant qui savait où il voulait aller. Quand, j’ai repris l'entreprise, je voulais absolument qu'on soit comme Coca-Cola qu'on nous voit partout... Aujourd'hui je me dis qu'on est plus comme Breizh Cola.”
Quel est votre état d'esprit aujourd'hui ?
Antonio MARQUES DA COSTA : “Quand j'ai repris l'entreprise en 2016, j'ai écrit le projet pour la période 2016-2022. Aujourd'hui, sur les 9 points que j'avais listés 8 sont atteints. L’entreprise est saine, l'image est saine et les clients nous font confiance. Quand je crois quelque chose, j'y crois vraiment et je pense sincèrement qu'il faut arrêter de se mettre des barrières. Je travaille actuellement sur la feuille de route 2021-2027. Le rôle du dirigeant est de s'adapter à chaque instant et de s'informer pour ne jamais perdre le cap tout en adaptant la trajectoire.”
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